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de la petite vérole. Il faut vous ménager.

Vous me demandez, mon cœur, ce qui est arrivé à Verson : toutes les abominations qu’on peut commettre, une cinquantaine de personnes tondues, battues, des femmes outragées. Il paraît même qu’on n’en voulait qu’à elles. Trois sont mortes quelques jours après. Les autres sont encore malades, au moins pour la plupart.

Ceux de Verson avaient, le jour de Pâques, insulté un national et même sa cocarde : c’est insulter un âne jusque dans sa bride. Là-dessus, délibérations tumultueuses : on force les corps administratifs à permettre le départ de Caen, dont les préparatifs durèrent jusqu’à deux heures et demie. Ceux de Verson, avertis du matin, crurent qu’on se moquait d’eux. Enfin le curé eut le temps de se sauver, en laissant dans le chemin une personne morte dont on faisait l’enterrement. Vous savez que ceux qui étaient là et qui ont été pris sont l’abbé Adam et de La Pallue, chanoine du Sépulcre, un curé étranger et un jeune abbé de la paroisse : les femmes sont la mère de l’abbé Adam, la sœur du curé, et puis le maire de la paroisse. Ils n’ont été que quatre jours en prison.