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fermeté, le souvenir du souterrain où il avait vécu. On descendit dans le caveau le corps placé dans un cercueil de plomb, puis deux vases qui contenaient l’un les entrailles, l’autre les poumons de Marat. On y ensevelit enfin les œuvres complètes de « l’ami du peuple ». Les discours se prolongèrent fort avant dans la nuit.

Le Club des Jacobins et celui des Cordeliers se disputaient le cœur de Marat, enfermé dans une urne d’agate d’une seule pièce, enrichie de pierres précieuses. Les Cordeliers triomphèrent. Le 18 juillet, l’urne fut solennellement suspendue à la voûte de leur salle des séances. Des discours enflammés s’élevèrent jusqu’à lui. Le citoyen Jullien exalta « ce cœur sacré, viscère adorable ». Il le mit au-dessus de celui de Jésus. « O cor Jesu, o cor Marat… Leur Jésus n’était qu’un faux prophète et Marat est un dieu… »

Le 19 août, les « citoyennes révolutionnaires » célébrèrent à leur tour la mémoire de Marat. Elles se rendirent en cortège, derrière le buste du divin Marat, jusqu’à la place du Carrousel. Là s’élevait une pyramide creuse. À l’intérieur, on plaça la baignoire, la lampe, l’écritoire, la plume, le papier de Marat.