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Jacques Hauer. Il avait d’autant plus aisément obtenu l’autorisation de pénétrer dans la prison qu’il était commandant de la Garde nationale et fort connu dans sa section.

Elle le remercia gracieusement et s’assit sur une chaise. « Je suis prête. » Elle parlait avec un tranquille enjouement, une aisance mondaine. Elle revint sur l’action qu’elle avait commise. Loin de la regretter, elle s’applaudit une fois encore d’avoir délivré la France d’un monstre. Parfois elle se levait, examinait son portrait, félicitait l’artiste, lui proposait de légères retouches.

Cependant le temps fuyait. Elle voulait encore expédier une lettre. Afin de ne point retarder le peintre dans son travail, elle prit un livre comme sous-main et commença d’écrire sans quitter sa chaise.

À ce moment, Richard ouvrit la porte et s’effaça devant un groupe d’hommes. L’un d’eux portait sur le bras la chemise rouge que les assassins devaient revêtir pour l’exécution. Elle comprit : le bourreau, Sanson. Elle ne put réprimer son trouble. « Quoi ? Déjà ! ». Mais aussitôt elle se ressaisit et demanda à cet homme la permission d’achever sa lettre :