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« J’espère que vous n’abandonnerez pas son affaire. Je vous prie de lui dire que je l’aime de tout mon cœur. »

Et ses adieux s’achèvent ainsi : « Je me recommande au souvenir des vrais amis de la Paix. »

Enfin, ce soir-là, elle écrivit encore à son père cette lettre où passe toute son âme, comme dans un dernier souffle.

« Pardonnez-moi, mon cher Papa, d’avoir disposé de mon existence sans votre permission. J’ai vengé bien d’innocentes victimes, j’ai prévenu bien d’autres désastres. Le peuple, un jour désabusé, se réjouira d’être délivré d’un tyran. Si j’ai cherché à vous persuader que je passais en Angleterre, c’est que j’espérais garder l’incognito ; mais j’en ai reconnu l’impossibilité. J’espère que vous ne serez point tourmenté. En tout cas, je crois que vous aurez des amis à Caen. J’ai pris pour défenseur Gustave Doulcet ; un tel attentat ne permet nulle défense ; c’est pour la forme. Adieu, mon cher Papa ; je vous prie de m’oublier, ou plutôt de vous réjouir de mon sort. La cause en est belle. J’embrasse ma sœur que j’aime de tout mon cœur, ainsi que tous