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Marat, qui décidèrent de lui. Elle ajoute ironiquement : « Il faudra les graver en lettres d’or sur sa statue. » Car sa haine de Marat n’abdique pas. Elle éclate à chaque page : « Je n’ai jamais haï qu’un seul être et j’ai fait voir avec quelle violence… C’était une bête féroce qui allait dévorer le reste de la France… Grâce au ciel, il n’était pas né Français. »

Puis vient l’interrogatoire dans le salon de Marat : Chabot cynique, « l’air d’un fou », Legendre prétentieux, le commissaire acharné à lui trouver des complices : « On n’est guère content de n’avoir qu’une femme sans conséquence à offrir aux mânes de ce grand homme. »

Au départ pour l’Abbaye, elle a cru périr. Elle y était prête : « Je m’attendais bien à mourir dans l’instant. » Des hommes courageux l’ont préservée de la fureur « bien excusable » de la foule.

À la prison même, elle déclare qu’elle est « on ne peut mieux et que les concierges sont les meilleures gens possible. » Elle avoue ingénument : « Je passe mon temps à écrire des chansons. » C’est-à-dire qu’elle recopie pour les autres prisonniers ces couplets lancés par les Girondins à Caen et qui étaient alors