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habillée. Ne faut-il pas imposer à ces femmes qui veillent sur Marat ? Elle revêt une robe de bazin moucheté sur fond gris clair. Elle jette sur ses épaules une écharpe rose pâle afin de voiler son léger décolletage. Elle est coiffée d’un chapeau de haute forme à cocarde noire et rubans verts. De sa main soigneusement gantée, elle tient un éventail. Et les souliers à hauts talons, commandés exprès pour son voyage, la grandissent encore.

Sept heures. De nouveau, un fiacre l’emporte rue des Cordeliers. Elle le garde. Elle veut le retrouver si on l’évince encore ou si, par miracle, elle peut s’enfuir après avoir immolé Marat.

Elle passe devant la loge vide, gravit l’escalier à rampe de fer forgé. Elle sonne. C’est la portière, sans doute employée chez Marat, qui lui ouvre la porte. Mais cette femme aussi lui barre le chemin. Le citoyen Marat ne reçoit personne. D’ailleurs, il est dans son bain. Et pour montrer que l’audience est terminée, elle reprend son travail : aidée d’un commissionnaire, elle plie des journaux dans l’antichambre.

Charlotte, poussée par une force invincible, s’exaspère contre l’obstacle. Elle crie presque.