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les arcades nouvelles. Cependant, elle a besoin d’acheter une arme.

Dix fois, elle fait le tour du jardin. Un vendeur de journaux crie le jugement de l’affaire Léonard Bourdon. Elle achète la feuille, car elle a suivi ce procès. Le député montagnard Léonard Bourdon, passant ivre un soir devant un corps de garde d’Orléans, n’avait répondu au « Qui vive ? » de la sentinelle que par un coup de pistolet. La foule s’était ameutée. Dans la bagarre, le député avait été légèrement blessé au bras. Pour tirer vengeance de ce qu’il appelait « son assassinat », il mit la ville en état de siège, fit arrêter et juger vingt-six personnes. Neuf d’entre elles viennent d’être condamnées à mort. Elles seront exécutées le jour même… Charlotte s’indigne. Une infamie de plus. Mais ce sera la dernière.

Une coutellerie s’est enfin ouverte. Un homme, seul dans la boutique, lui vend pour deux francs un couteau de cuisine frais émoulu, manche noir, gaine de carton chagriné. Elle le glisse dans son corsage.

Il est encore bien tôt pour se présenter chez Marat. Charlotte s’assied dans le jardin qui peu à peu s’anime. Malgré la fraîcheur du