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- autres par la médisance, la calomnie, le faux témoignage, et qu’on peut tuer le
« calomniateur en cachette, pour éviter le scandale. Voir le chapitre de la calomnie : « < Code des jésuites, faisant suite aux ouvrages de Michelet et Quinet. — En vente, rue de Richelieu, 35, et chez tous les libraires de France et de l’étranger, en 1845. » L’abbé Hubert connaissait la demeure de Claire. Il avait remarqué combien les manières de la jeune fille étaient simples et dignes ; il savait qu’elle ne sortait jamais seule ; que les Darek avaient dans leur pays une réputation inattaquable ; il éprouvait de plus un caprice pour Claire. Cela n’empêchait pas qu’il ne résolût de la calomnier de telle sorte qu’elle tombât dans le mépris, seule manière de tuer l’accusation. Grâce à son caractère sacré, il put lire la lettre de Claire au procureur de la République et s’imprima tellement l’écriture dans les yeux qu’il pût, en rentrant chez lui, l’imiter parfaitement. Le regard de l’abbé Hubert conservait, comme des photographies que sa mémoire y retrouvait à volonté, les choses dont il avait besoin. Cet être était parfaitement doué pour le métier qu’il faisait. L’abbé écrivit, en imitant l’écriture de Claire, une lettre à qui il s’agissait de faire prendre le bon chemin, car le cabinet noir pouvait l’oublier. Parfois ses membres laissent glisser des trésors entre leurs griffes noires. Cette lettre était ainsi conçue : « A monsieur A. B., poste restante, Épinal. « Mon cher ami, « J’espère parvenir à grossir ma dot à l’aide de ce qui nous a été promis pour « perdre Notre-Dame-de-la-Bonne-Garde ; les gens de justice ont jusqu’à présent « avalé le canard sans assaisonnement. « « Quelle noce nous allons faire ! Ce vieux grigou de Montnoir s’est trouvé à point pour abriter dans son hôtel ébréché ta bien aimée, ta douce colombe, << CLAIRE MARCEL. >> « Je demeure toujours à l’hôtel de Montnoir ; mais écris-moi, poste restante « < comme la première fois. >> Ayant terminé cette belle épître, l’abbé Hubert écrivit d’un autre genre une dénonciation anonyme destinée à attirer l’attention sur la fausse lettre de Claire. « Monsieur le procureur de la République, << Ma conscience me fait un devoir de vous prévenir que mon ancienne maî• tresse, Claire Marcel, est en train de tromper la justice afin de se faire payer << une dot par une société d’incrédules. Vous en aurez la preuve en saisissant les « lettres qu’elle écrit à son nouvel amant à Épinal, et réciproquement. « Recevez mes respects, « Un honnête homme trompé. >>