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le conseil de son correspondant anonyme, laissa en liberté ce brave homme, ne le faisant surveiller que tout juste, tandis qu’une fourmilière d’agents sous tous les déguisements possibles, ne quittait pas les environs du logement de Mme Grégoire. Nous verrons qu’ils n’en virent pas mieux pour cela. D’abord arrêtées comme complices, la marchande de mouron et Clara furent relâchées. C’est qu’on pensait reprendre Auguste dans cette souricière.. Ies deux pauvres femmes espéraient qu’il avait trouvé asile dans quelque inansarde. Osant à peine se communiquer leur pensée, car le grognement de Toto les avertissait sans cesse de quelque voisinage indiscret, elles étaient bien tristes. Les lettres de Saint-Étienne continuaient à passer au dossier ; elles l’ignoraient toujours, quand M. X… s’avisa, ayant la conduite de l’affaire, d’en laisser parvenir une tout à fait insignifiante, comme toutes celles du cousin de SaintÉtienne. Voici la lettre qui parvint à Mm* Grégoire. ર Saint-Étienne, 28 mai 18… « Ma chère cousine, « Nous nous inquiétons, les enfants et moi, de ne pas recevoir de vos nou<< velles, vu que nous vous avons écrit bien des lettres, toutes sans réponse. J’ai « été bien malade, mais tout va mieux ; nous vous embrassons. « Votre cousin, « YVON KARADEUK. * Mme Grégoire et Clara faillirent perdre la tête de joie en recevant cette lettre, puis les réflexions se succédèrent. Les Karadeuk ne savaient donc rien ? on ne lisait donc pas les journaux à Saint-Étienne ? il fallait les éclairer. La marchande de mouron ne manquait pas de finesse ; elle refit cent fois dans sa tête trois lignes de réponse qui pussent défier le cabinet noir. Elles le défièrent, en effet ! ce cabinet illustre étant devenu gâteux comme toutes les vieilles institutions. Voici ce qu’elle écrivit : a Mon cher cousin, « Paris, 30 mai 18… « C’est la première lettre de vous qui me parvient. Voilà pourquoi je ne vous donnais pas de mes nouvelles ; dans quelques jours je vous écrirai plus longuement. Moi aussi, je suis un peu malade. « J’embrasse toute la famille, « < Votre cousine, < VEUVE GRÉGOIRE. >>