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LA MISÈRE

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«  << Ami, je ne pouvais plus vivre ! console-toi, tout est pour le mieux. » « < Si tu sens s’éveiller un reste de cette tendresse que j’ai méconnue et dont,. plus tard, j’eusse été si heureuse ; si tu tiens à consoler mon ombre, efface les « conséquences de ma faute ; rachète à tout prix Saint-Bernard, reprends avec « ton fils l’œuvre interrompue, et que ma cendre, dans la fosse commune de notre « < cher village, dorme près de vous, bercée par les harmonies du travail ! Que le

  • pardon me ramène morte et absoute là ou j’aurais dû vivre dans la joie du de «

voir accompli. >> < Adieu encore, Gustave, vis pour ton fils ! Je t’aimais ! Je meurs en te bé « < nissant. > « VALENTINE. « < Comme il achevait cette lecture, l’abbé, le chevalier, Gaspard et Mathieu entrèrent dans la chambre. «  — Mon fils cria le marquis en tendant vers le jeune homme la main qu’il avait de libre, mon fils !….. » L’enfant se jeta sur lui et l’étreignit de toutes ses forces. ». — Mon fils, répéta le marquis d’une voix entrecoupée, ta mère !….. Qu’on me délie… Mathieu, obéissez à mon fils, mon fils est aussi le maître ici ! Gaspard, ordonne qu’on me délie !….. courons à Saint-Bernard ; ta mèrė va mourir !….. Je ne veux pas qu’elle meure, moi ! Valentine ! Qu’on me délie ! Qu’on me délie !….. > Que dit-il ? crièrent en même temps l’abbé et le chevalier, tandis que Gaspard, frappé des accents de son père, essayait de rompre les liens qui l’attachaient. » « ― C’est une crise, répondit tranquillement Mathieu. Tout cela est dans sa pauvre tête. » « Le marquis saisit convulsivement le papier tombé sur les couvertures : « -> Vous connaissez l’écriture de Valentine, vous, tenez, lisez la fin, dit-il au chevalier en lui montrant la funèbre missive dont il répéta le dernier paragraphe Adieu encore, Gustave, vis, pour ton fils ! Je t’aimais ! Je meurs en « < te bénissant ! » « Gaspard poussa un cri terrible, et, avec ses dents, acheva d’arracher les liens qui retenaient son père. “ « Huit heures sonnaient au château de la Roche-Brune. Une voiture s’arrêta devant la porte. Madozet, leste et pimpant, en descendit. Il agita la lourde cloche dont le cordon de fer pendait au dehors, Jean-Louis, tenant à la main une chandelle dont la lumière éclairait en plein sa figure bronzée, apparut derrière la grille. » « Est-ce vous, monsieur Madozet ? demanda-t-il d’une voix grave ? et triste. » « — — C’est moi, mon ami, répondit l’autre, charmé de se voir attendu. Madame est-elle chez elle ? •