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LA MISÈRE

253 « I — Ne me faites pas l’injure de croire qu’un sordide intérêt m’a guidé dans cette affaire, et la preuve, c’est que je ne demande pas mieux que de vous être utile, si toutefois vous daignez accepter mes SERVICES. » << M. Paul devint pourpre : Il se souvint de ce qu’il avait dit à Madozet. Il ne faisait, ne voulait faire avec lui qu’une AFFAIRE. » «  Ainsi, demanda-t-il, vous nous obligerez gratuitement ? >> Vous allez savoir quel prix je mets au service que je vais vous rendre. >> << Valentine regarda Madozet avec sévérité, presque avec mépris. » «  Oh ! » poursuivit l’homme d’affaires, répondant au regard de la jeune fille « Je ne suis pas gentilhomme, moi, on me l’a assez fait sentir ; je suis un rustre enrichi, je dis brutalement ma pensée et mes espérances, je ne viens jouer içi ni le pur désintéressement ni l’amour. Tenez, monsieur le comte, je suis franc : un peu de votre noblesse donnerait de l’honorabilité à mes écus ; mes écus redonneraient de l’éclat à notre noblesse. Je possède plus d’un million, j’ai trente ans, j’aime Mlle Valentine, je l’épouse sans autre dot que les dettes paternelles, payables le jour du contrat. Cela vous va-t-il, monsieur de la RocheBrune ? >>> « Le comte ne répondit rien ; il était plongé dans une rêverie profonde, Madozet crut qu’il pesait la valeur de ses offres ; il ajouta : «  Je reconnaîtrai à ma future cinq cent mille francs dont le contrat portera quittance ; je ferai réparer la Roche-Brune dont je laisserai la jouissance à mon beau-père pendant sa vie. » « • Vous êtes vraiment bien bon, répondit M. Paul en ricanant mais… je n’accepte pas ! » « -> Comment » fit Madozet stupéfait, « vous refusez, dans votre position ? » > — Dans ma position, comme dans toute autre, il ne m’est pas permis de vendre ma fille à un malhonnête homme f* » > — » « < » Monsieur ! > Quelque offensante que soit la vérité, vous devez l’entendre : Entre la fille du comte Paul de la Roche-Brune et vous, il y a un abîme sur lequel aucun pont d’or ne peut être jeté. « < «  >>> Prenez garde, alors, que je ne l’emplisse de larmes, cet abîme ! » · Des menaces ? chez moi ? >> Monsieur, c’est que vous avez la déplorable habitude de répondre par l’insulte à toutes les offres que je vous ai faites. » J’y réponds par des vérités ; si elles sont insultantes, ne vous en prenez qu’à vous-même. Vous avez un million, deux millions, soit ; mais ces millions, où les avez-vous pris ? Mademoiselle de la Roche-Brune peut-elle en accepter une part ? Ce ne sont pas des parchemins, dont je fais peu de cas, qui nous séparent, non ! » Ainsi, c’est votre dernier mot ; vous en avez calculé les conséquences, n’est-ce pas ? Vous savez que la misère ?… » «  « —> Monsieur, nous sommes pauvres, c’est vrai, mais il nous reste l’honneur, que nous ne voulons pas vendre. »