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seurs se donnent rendez-vous dans les plaines de Saint-Étienne et de Pyrgos. Il faut admirer cet instinct d’émigration qui se fait sentir à la fois parmi les habitans de l’air et de l’onde, qui se renouvelle tous les ans, le même mois et de la même manière, et qui sans doute avait commencé bien avant le voyage des Argonautes. Ce merveilleux instinct des oiseaux et des poissons, ces coutumes si réglées et si uniformes donneraient lieu à une remarque qui ferait sourire peut-être nos savans naturalistes ; c’est que le règne animal, qui est toujours en mouvement, est cependant celui qui conserve le mieux ses lois, sa marche, sa physionomie. Les montagnes se déplacent par des tremblemens de terre, les fleuves changent de lit, les mers de rivages, et au milieu de ces perpétuelles révolutions de la nature inanimée, les animaux conservent leur forme, leurs goûts, leur instinct. Le canal de la Mer-Noire a dû être, bien des fois bouleversé depuis le vieux Phinée, et les Harpies qui souillaient la table du malheureux roi existent encore dans ces parages ; des hirondelles d’une espèce particulière creusent des trous sur le rivage élevé du canal, et couvrent la terre et les rochers des mêmes ordures dont elles couvraient le fils d’Agénor.

En allant de Buyuk-Déré à l’embouchure de l’Euxin, j’ai vu, comme tous les voyageurs, les ruines du château génois, la batterie de Roumeli-Kavac aux bords de la petite rivière de Karibdji-