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rentes contrées de l’Europe pour défendre la cause de la liberté, ont quitté la Grèce depuis long-temps, n’emportant avec eux que le titre de Philhellènes, et l’espoir d’être mentionnés honorablement dans le procès-verbal d’un comité ou d’une académie. Tous les soldats qu’on a pu rassembler sous les drapeaux du nouveau gouvernement, et qui composent l’armée régulière, ne pourraient pas former deux régimens. Ils sont presque tous en garnison à Naupli ; on leur a bâti une caserne, le seul édifice ou le seul monument du temps actuel qui mérite quelque attention.

Ma première visite a été au résident de France, M. Rouan ; il a servi la Grèce par d’utiles conseils et par un esprit de conciliation dont le pays ne lui offre guères de modèles. J’avais aussi des lettres pour M. de Pannen, résident de Russie. M. de Pannen est un jeune seigneur russe qui réunit, à une érudition choisie et au goût éclairé des arts, la plus parfaite connaissance des affaires. Après l’avoir entendu, on pourrait le prendre pour un autre Anacharsis, envoyé par le grand roi pour négocier avec cette Grèce, objet de ses plus chères études. Quoique je n’eusse point de recommandation pour M. de Rigny, je lui ai fait une visite à bord du vaisseau amiral ; j’en ai été parfaitement accueilli. Personne n’a plus fait respecter le nom français, dans ce pays ; personne aussi n’y est plus considéré. Pour avoir une idée