Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gards vers le nord-ouest. J’aurais voulu découvrir au fond du golfe l’embouchure de l’Eurotas. Dans ma pensée éveillée par mille souvenirs de l’histoire, je remontais le cours du fleuve Roi, du fleuve aux beaux Roseaux, et, pour donner quelque réalité aux tableaux de mon imagination, je relisais ce qu’ont dit MM. de Chateaubriand et Pouqueville des champs où fut Lacédémone. Que ne m’est-il donné de parcourir les cinq collines où s’élevait Sparte, et de m’asseoir un moment sur les vieux murs. C’est ainsi qu’on désigne aujourd’hui la cité de Lycurgue, ou plutôt son emplacement. J’aurais pu voir près de là la ville de Misithra, bâtie par les Champenois, qui fut aussi la ville des braves, et à laquelle on a fait quelquefois l’honneur de la prendre pour Sparte. Je voudrais savoir surtout, ce que je ne trouve éclairci nulle part, qu’est-ce que cette grande, ville de Lacedemonia dont, parle là chronique de Morée ? Serait-ce l’ancienne Lacédémone qui aurait subsisté jusqu’à la fin des Croisades ? Comment se fait-il que la patrie de Lycurgue et de Léonidas ait été rayée du tableau des cités sans que les générations l’aient su et qu’elle ait disparu tout à coup, semblable au voyageur inconnu qui périt dans le désert, ou que, le poignard des meurtriers a frappé dans les ténèbres !