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soucié d’être plus long-temps auprès des malades l’instrument du destin.

Nous nous sommes donc occupés de poursuivre notre voyage, et de quitter la ville de Kounkalé. Il fallait faire une visite au commandant du fort pour obtenir de lui la permission d’avoir des chevaux. C’est un homme grave et réfléchi dans la conversation, je lui ai parlé de l’embarras où nous nous étions trouvés lorsque la ville de Kounkalé nous avait forcés de faire de la médecine, sans en avoir la moindre notion. Il nous a répondu par un proverbe turc : L’ignorance est un métier plus difficile que l’horlogerie. Nous avions grande envie de visiter l’intérieur du château, non pour voir les boulets de granit et les énormes bouches à feu qui sont là depuis l’invention de la poudre, mais pour y découvrir quelques débris, quelques colonnes des anciennes villes de la Troade. Le commandant turc n’a pu satisfaire notre curiosité : l’accès des forteresses est toujours sévèrement défendu aux étrangers. Autrefois, les Turcs cherchaient à cacher le secret de leurs forces ; ils cachent aujourd’hui leur décadence, et les précautions sont toujours les mêmes. Au reste, ces forts, bâtis sur l’Hellespont, sont une assez fidèle image de l’empire ottoman, dont on avait peur autrefois, et qui ne présente plus que des ruines. Puissent les réformes de Mahmoudh rendre à cet empire la gloire qu’il a perdue ! Puisse cette nation turque, si propre à posséder inu-