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étendant la main « 0 mon Dieu, a-t-il dit, faites vivre dans l’islamisme ceux d’entre nous à qui vous avez donné la vie, et faites mourir dans la foi ceux d’entre nous à qui vous avez donné la mort… Distinguez le mort qui est devant vous, par a grâce de votre miséricorde, ajoutez à sa bonté s’il est au nombre des bons, pardonnez-lui s’il est au nombre des méchans… O mon Dieu, convertissez sa tombe en un lieu de délices égales à celles du paradis, et non en fosse de douleurs semblables à celles de l’enfer. »

Ces paroles de l’iman étaient répétées par tous ceux qui assistaient à la cérémonie. Personne n’a pleuré, ni montré sa douleur par des gestes ou des soupirs, car le prophète ne permet point aux fidèles de déplorer trop vivement un malheur inévitable comme le trépas. La cérémonie n’a pas duré plus de vingt minutes, et le convoi s’est remis en marche pour le cimetière, situé à un mille de Kounkalé, non loin du lieu où était placée la tente d’Achille.

Quoique nous n’ayons plus d’alarmes, et que personne ne songe à nous demander compte de nos consultations, nous avons jugé cependant que notre réputation ne pouvait se maintenir long-temps, surtout s’il survenait encore quelque cérémonie funèbre. Il est bien vrai que les méprises de la médecine s’expliquent ici par la volonté céleste ; mais lors même que j’aurais partagé, sur ce point, la manière de voir des Turcs, je ne me serais point