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nier Michel ; je lui conseillé d’être fort prudent, et de n’ordonner à ses malades que d’innocentes tisannes. Il est revenu après quelques visites, tout fier de l’importance qu’on lui avait donnée, et surtout émerveillé des beautés musulmanes dont il avait tâté le pouls.

Deux jours s’étaient ainsi écoulés depuis qu’on nous avait forcés à faire de la médecine ; le troisième jour, au lever de l’aurore, nous respirions l’air frais du matin devant notre logis, lorsque nous avons vu passer un enterrement. J’ai pensé d’abord que le mort porté en terre pouvait bien être un des malades que nous avions traités la veille ; il me semblait que tous les regards allaient se porter sur les médecins, et qu’on ne manquerait pas de nous accuser de la mort d’un musulman. Toutefois, je n’ai pas tardé à être rassurée car personne n’a songé à nous ; ce qu’il y a de commode ici pour la médecine et pour ceux qui l’exercent, c’est que toutes les fois qu’un homme quitte cette vie, il meurt parce que Dieu l’a voulu, or, il serait bien étrange que, lorsque Dieu veut la mort d’un malade, les médecins y missent la moindre opposition. La médecine par là se trouve tout-à-fait à couvert.

Nous n’avions point encore vu de funérailles depuis notre arrivée en Turquie ; nous nous sommes mis à suivre la cérémonie qui passait devant notre porte. Quatre vrais croyans portaient le cercueil sur