Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/460

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jours pensé que les Turcs n’étaient point voleurs ; à Dieu ne plaise que j’aille compromettre l’honneur d’une nation pour un flacon d’eau de Cologne, et que je rende le peuple des Osmanlis responsable de la friponnerie d’un barbier ! J’ai pris mon parti sur la disparition de mon flacon, et je me suis contenté de dire qu’il y a de mauvais Turcs..

Parmi la foule, nous avons remarqué quelques juifs, qui venaient chez nous comme ils vont au bazar. Je n’ai pas besoin de vous dire qu’ils n’étaient point amenés par la curiosité ; la plupart venaient nous offrir d’être nos courtiers pour tout ce que nous aurions à acheter ou à vendre. L’un d’eux nous avait apporté des œufs frais, et comme c’était le samedi ou le jour du sabbat, il n’a pas voulu en recevoir le prix ce jour-là ; le lendemain dimanche, il est venu nous demander ce qu’on lui devait de la veille avec les intérêts. Les juifs de toutes ces contrées observent la solennité du sabbat avec un scrupule dont vous ne pourriez vous faire une idée. On m’a raconte qu’un israélite de Magnésie était allé prier le vaïvode de faire éteindre le feu qui avait pris à sa maison un samedi ; il s’excusait de ne pouvoir s’en occuper lui-même, attendu que sa religion lui défendait de puiser de l’eau ce jour-là. Tous les juifs qu’on rencontre en assez grand nombre sur les rives de l’Hellespont, viennent originairement des royaumes d’Espagne et de Portugal, dont ils ont conservé la langue ; fidèles aux coutu-