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quable son entrée est assez large ; elle est divisée en deux grandes salles d’une trentaine de pieds de hauteur, et d’une centaine de pieds de circuit. Ces voutes sombres renferment une grande quantité de chauves-souris, qui ont failli plusieurs fois éteindre nos flambeaux. On s’aperçoit, en parcourant la grotte, que les moutons et les chèvres y cherchent quelquefois un abri, comme, aux temps homériques. Il paraît que des excavations y ont été faites en plusieurs endroits. En nous avançant dans la seconde salle, nous répétions, à haute voix, les noms de Nestor, de Nêlé, de Pilos, et les noms de Pilos, de Nêlé, de Nestor, nous étaient fidèlement renvoyés par les cavités retentissantes de la grotte ; il nous semblait, que l’antiquité elle-même nous répondait. Il nous a suffi d’une demi-heure pour tout voir. La plus belle lune du monde nous attendait au sortir de la grotte sa clarté nous a aidés à descendre de la montagne ; nous sommes revenus par un chemin ferré, ayant à notre droite le mont Zanchio et à notre gauche une espèce de marais ou de lac, qui communique avec la rade.

Sur le penchant de la montagne, on nous a montré, de loin, une tour en ruines. Cette tour a longtemps servi de retraite à une femme de mauvaise vie, dont les charmes attiraient les matelots et les soldats. On nous a dit, à ce sujet, que des courtisannes s’étaient établies de même dans tous les lieux où les troupes françaises ont place leur camp,