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d’ornemens sans goût et de peu de valeur. Cependant le voyageur s’arrête à la porte d’une de ces églises, pour voir de beaux marbres antiques qui s’y trouvent rangés en forme d’avenue. Autrefois on venait visiter la fameuse pierre de Sigée, sur laquelle on lisait une inscription très ancienne. Cette pierre, enlevée par lord Elgin, est maintenant en Angleterre ; on en parle encore dans ce pays où elle est regrettée, non pour son antiquité, mais pour la vertu qu’elle avait de guérir des fièvres invétérées. D’autres débris ont été enlevés de même par les Anglais. Dans toutes nos courses en Orient, je n’ai pas encore entendu dire qu’une statue ou un marbre précieux ait pris la route de France ; nous avons fait sur l’Orient de fort beaux livres ; mais nous n’en avons rien emporté que des cartes, des dessins et des images. Les Anglais se sont attachés au solide, et mille chefs-d’œuvre, nés sous le beau ciel qui nous éclaire maintenant, brillent aujourd’hui comme ils peuvent sous le ciel brumeux de la Tamise.

Des hauteurs de Sigée, on a devant soi, sur le penchant du promontoire, les tombeaux d’Achille et de Patrocle ; vers le midi, à une lieue de distance on aperçoit d’autres tumulus qui portent les noms d’Antiloque et de Pénelée. Rien n’est plus admirable que le spectacle qui s’offrait à nos regards ; d’un coup-d’œil nous avons pu revoir tous les lieux désignés par Homère, tous les lieux que