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élévation de terrain et à quelques débris de marbre. Ce tombeau, nous dit-il fut sans doute détruit et rasé avec le temple et la statue d’Achille par le fanatisme des premiers chrétiens. Cette opinion paraît peu vraisemblable, car on ne voit pas trop pourquoi les chrétiens auraient, je ne dis pas abattu un temple païen, mais rasé un tertre, un tumulus qui ne pouvait blesser en rien leur croyance. Que serait d’ailleurs devenu le monument de Patrocle, que toutes les traditions placent à côté de celui d’Achille ? Une dernière objection qui me paraît sans réplique, c’est que le tombeau d’Achille ainsi placé n’aurait pu être vu de la mer, ce qui ne s’accorderait point avec ce que dit Homère. Pour moi, je crois fermement que le tombeau du héros grec est celui que nous avons visité et qu’on montre à tous les voyageurs. Trente siècles se sont écoulés, le gazon a reverdi trois mille fois sur ce tertre révéré, sans que le monument ait rien perdu des formes que les Grecs lui avaient données, et, selon les prophétiques paroles de l’Odyssée, le tombeau d’Achille sera salué dans tous les âges par les navigateurs de l’Hellespont.

Je vais vous parler du tombeau d’Ajax. La gloire du fils de Talamon eut aussi ses vicissitudes comme celle d’Achille. On sait que plusieurs chefs de l’armée grecque refusèrent d’abord la sépulture aux dépouilles d’Ajax. Quelques auteurs rapportent qu’on ne brûla point le corps du héros parce que