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doit croire néanmoins que le roi d’Argos campait au centre de l’armée ; car, lorsqu’il donnait ses ordres, sa voix se faisait entendre aux deux extrémités du camp. Idoménée, avec ses Crétois, était à la droite d’Ajax ; puis venaient Nestor avec les Pyliens, Mnestée avec les guerriers d’Athènes, Ulysse avec sa troupe choisie. Cette partie du rivage avait plus d’habitans que la capitale même de Priam. Supposez, disait Agamemnon, que les Grecs et les Troyens soient réunis en un festin, et que les Grecs, rangés par dizaines, prennent seulement un Troyen pour leur verser du vin, nous aurions plusieurs dizaines qui manqueraient d’échansons.

Les guerriers d’Ilion s’avançaient rarement jusqu’au camp des Grecs. L’armée d’Agamemnon n’eut que deux fois à se défendre dans ses retranchcmens, et ces attaques ne durèrent que deux jours ; mais ce furent de véritables journées d’Épopée, dont le récit occupe huit chants de l’Iliade. Je ne m’arrêterai point sur tous ces grands combats ; j’aimerais mieux, si j’en avais le temps, vous dire quelles étaient les habitudes, les mœurs et la physionomie de cette armée ou plutôt de cette colonie qui demeura dix ans entre les deux promontoires.

Sur les deux rives du Simoïs, s’élevaient une multitude de tentes et de pavillons, construits en bois de sapin, et recouverts avec les roseaux du fleuve. Non loin des vaisseaux d’Ulysse était une grande place, toujours remplie par la foule ; c’est