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Italie, elle passa ensuite dans les provinces méridionales de la France, où elle porte encore le nom de blé de Turquie. On vient de moissonner le froment dans la plaine de Troie, et j’ai eu grand plaisir à voir les gerbes transportées sur des chars tout à fait semblables aux chars d’Achille et d’Hector. La manière de battre le blé, par le moyen d’un plateau armé de pointes de fer, et traîné par des bœufs, n’a pas changé depuis le temps d’Homère. Des pâtres grecs ou turcs, comme nous en avions vu naguères le long des rives du Xantes, jouaient du flageolet, ou tiraient des sons d’une lyre faite avec des écailles de tortue.

Telles sont aujourd’hui les campagnes que la muse de l’épopée a remplies de tant de batailles glorieuses. Cette poussière, maintenant immobile sous nos pieds, volait en tourbillons sous les chars des héros ; ces champs, qui se couvrent paisiblement de moissons, furent arrosés du sang des guerriers, et couverts de boucliers et de lances brisés. La plaine de Troie, qui a tout au plus l’étendue de la plaine de Saint-Denis, présente partout une surface plane et unie, sans aucun arbre ; des sentiers ou des chemins à peine tracés traversent la campagne en plusieurs sens ; des boulets de granit, jetés çà et là, sont les seules pierres et les seules ruines qu’on y rencontre. Le voyageur ne distingue dans cette plaine aucun endroit auquel il puisse donner un nom ; aussi Ho-