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plupart de nos savans voyageurs, qui arrivent gravement, le thermomètre à la main, et qui prononcent sur la foi de leur instrument, comme si Homère avait pu lui-même calculer à quel degré au-dessus de zéro s’élève la chaleur de la fontaine. Nous avons demandé encore aux paysans turcs s’il n’y avait pas d’autre source dans le pays ; ils nous ont assuré qu’il n’y en avait point dans tout le territoire de la Troade ; après les sources de Bournarbachi, les seules qui existent dans la contrée se trouvent aux pieds du mont Ida. Voilà donc les thermomètres à peu près inutiles ; il ne s’agit plus de choisir entre des sources chaudes et des sources froides ; Homère dit positivement qu’à la porte de Troie il y avait deux sources ; la Troade n’en à que deux ; elles sont donc celles dont nous parle l’Iliade.

Après nous être entretenus ainsi pendant près d’une heure avec les Turcs de Bournarbachi, nous sommes montés à cheval, et nous avons repris la route de Kounkalé. Nous avons laissé à notre droite le bouquet d’arbres qui a remplacé le chêne divin d’Homère, et nous sommes descendus, par une pente douce, dans la plaine située entre le Scamandre et le Simoïs. Les terres qui avoisinent ces deux fleuves, paraissent cultivées avec quelque soin ; on y sème de l’orge, du blé, du sésame et du maïs ; vous savez que cette dernière plante nous vint de l’Anatolie pendant les Croisades, et que d’abord, cultivée en