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porter notre déjeuner ; c’étaient des œufs frais et du lait achetés aux portes Scées ; Dimitri nous avait fait une provision de vin de Ténédos. Arrivés à la fontaine, notre festin a été dressé sur des branches d’osier et nous nous sommes étendus sur le serpolet et la sauge odoriférante.

Comme il n’y a point maintenant de fête pour nous, qu’Homère ne soit de la partie, nous avons voulu relire le passage de l’Iliade où le poète nous raconte le combat d’Achille et du Xante ; quel tableau plein de naïveté et de charme ! De tous les dieux qui président aux fleuves et aux fontaines, le Xante était sans doute le plus débonnaire ; aussi lorsqu’il ordonne à Achille de s’arrêter, celui-ci répond : Xante, je t’obéirais une autre fois ; il est curieux de voir aux prises le fleuve dieu, amoncelant ses flots écumeux pour vaincre son ennemi, et le fils de Thétis, armé vainement de son bouclier, s’attachant aux arbres de la rive, ou traversant les eaux sur le tronc d’un arbre déraciné. Le Xante appelle à son aide son frère le fier et impétueux Simoïs ; tous les fleuves et tous les ruisseaux de la Troade se liguent contre le plus redoutable ennemi de Troie ; rien n’est plus ingénieux et plus naturel que cette fiction ; dans ce qui suit, les couleurs du tableau ne sont pas moins riantes et pittoresques. La ligue des fleuves est près de submerger Achille, lorsque Junon invoque contre eux le secoure de Vulcain, on ne peut s’empêcher