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d’extermination se sont renouvelées deux fois. En 1770, un grand nombre de Grecs insurgés se réfugièrent dans cette île et furent massacrés par les Turcs ; en 1826, un corps de troupes grecques, poursuivies par les soldats d’Ibrahim y cherchèrent aussi un asile et n’y trouvèrent qu’une mort malheureuse. On lit dans Thucydide que l’île de Sphacterie était couverte de bois, et que les forêts qui en couvraient le sol furent entièrement consumées par un incendie. Aujourd’hui, il n’y croît pas un seul arbre ; la végétation qui s’y trouve suffit à peine à nourrir quelques chèvres, qu’on y envoye dans la saison des pluies. L’aspect de ces lieux déserts, de ces rocs arides, n’est que trop en harmonie avec les tristes souvenirs de l’histoire. Lorsque notre bateau nous ramenait au Loiret, on nous a fait voir vers le nord de la rade, un ilot, connu aussi par le grand nombre des victimes que les fureurs de la guerre y ont immolées. Cet îlot est formé de quelques rochers à moitié découverts. C’est là que les Turcs, au nombre de sept a huit cents, furent jetés après la capitulation de Navarin, et condamnés à périr de faim et de soif. Lors de la grande bataille navale qui fut livrée ensuite dans la rade plusieurs soldats où marins blessés se traînèrent sur cet écueil, et achevèrent de mourir parmi les cadavres de ceux que la faim y avait moissonnés. Une foule d’ossemens blanchissent dans cet îlot sans nom, parmi des