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et des villages où la misère ne se montre point ; les rives du Simoïs, quand l’eau des pluies s’est retirée, sont livrées à la culture comme les rives du Nil, et le lit du fleuve est couvert en été des plus belles pastèques du pays.

Avant d’entrer dans la plaine de Beyramitche, le Simoïs s’avance entre de hautes collines boisées, qui rappellent aux voyageurs européens les paysages si pittoresques de la Suisse et du Tyrol. Des pâturages et des troupeaux, des vignes, des moissons, des chaumières se mêlent aux rocher arides, aux cavernes sauvages, aux noires forêts. Non loin de Beyramitche, vers l’Orient, est une colline isolée de forme conique, que les gens du pays appellent Kurchumlu-tépé ; c’est sur cette colline que s’élevait l’ancienne Cébrenne. On y a trouvé des restes de grands édifices, beaucoup de colonnes, des fragmens de verre et de poterie. Au sommet de la colline, plusieurs voyageurs ont remarqué les ruines d’un temple qu’on croit avoir été consacré à Jupiter idéen, les pierres qui en forment les murailles sont aussi grossièrement travaillées que celles que nous avons vues à Tyrinthe dans l’Agolide, ce qui annonce la plus haute antiquité ; un bois de chêne y couvre de grosse pierres carrées, rangées en cercles druidiques.

Après trois heures de marche, on arrive au village d’Argillars (village des chasseurs), c’est le dernier lieu habité de ce côté de la Troade. Après