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ches vérités, jaunes et brunes présentent au soleil une bigarrure mobile et changeante.

Depuis l’Acropolis de Troie jusqu’à la plaine de Beiramitche, située à quatre heures de là, au sud-est, le Simoïs se trouvé resserré entre deux montagnes couvertes de rochers et de sapins ; son cours prend alors un aspect plus sauvage, et ressemble en quelques endroits à une fondrière ou à un abîme. Le lit du fleuve que nous avons suivi pendant deux heures offre aux voyageurs des troncs d’arbres déracinés, des monceaux de sable de la hauteur de l’homme, des îlots recouverts de verdure où croissent des saules et des platanes ; ici des eaux profondes amassées le long de la rive, là un courant d’eau murmurant sur des cailloux, et, sur les deux cotés qui bordent le fleuve, des rocs menaçans, des pentes escarpées et de sombres forêts de sapins. Quand on a remonté le Simoïs l’espace de trois lieues, on arrive à la ville d’Énée, adossée à des rochers, ombragée par des bois de cyprès et dominant une vaste plaine. Près de cette ville est un tumulus appelé par les habitans Éné-tépé ou sovran-tépé (le tombeau d’Énée ou le tombeau du roi) ; plusieurs savans ont cru y voir le tombeau du fils d’Anchise. La plaine de Beiramitche, qui s’étend au-delà de la ville d’Énée, à sept ou huit lieues d’étendue. Le Simoïs la traverse dans sa longueur ; plusieurs rivières l’arrosent dans toutes ses parties ; on y voit partout des champs bien cultivés, des jardins