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leur fit mettre un grand prix à la conquête d’Ilion. Tite-Live nous apprend que les Romains et les Iliens se félicitèrent de leur commune origine. On dit même que, sur la fin de sa vie, Auguste avait formé le projet de transporter le siège de son empire à Ilion, et que l’ode, si souvent citée d’Horace, Justum et tenacem, avait pour objet de l’en détourner. La nouvelle Troie fut protégée par Germanicus, persécutée par Tibère, visitée par Caligula ; elle eut beaucoup à souffrir des guerres civiles qui troublèrent l’empire romain. Les barbares la ravagèrent ensuite plusieurs fois, et l’histoire sait à peine comment elle disparut au moyen-âge. Quand le christianisme se montra dans ces poétiques régions, la nouvelle Troie cessa d’être la ville de Minerve pour devenir le siège d’un évêché, souvent cité dans les annales de l’Église. Ce souvenir est le dernier que l’histoire nous ait laissé de la seconde ville d’Ilion.

Lorsque les Turcs poussèrent leurs conquêtes jusqu’au Simoïs, on doit croire qu’ils ne trouvèrent rien à détruire dans Ilium recens, et qu’ils s’occupèrent peu de savoir à quelle ville devaient appartenir des ruines dispersées sur les collines. Leur invasion dans la Troade ne fit qu’ajouter à la confusion, et ce n’est que dans les temps modernes, et avec le secours d’Homère, qu’on a pu reconnaître un pays où la guerre, la barbarie, et les fausses traditions avaient tout effacé. Les an-