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partis des sources du Scamandre, et nous avons suivi d’assez près la rive gauche du fleuve. Les champs qu’arrose le Scamandre sont couverts de pâturages où paissent les troupeaux des villages voisins. Nous avons vu des bergers qui jouaient d’une flûte semblable aux rustiques pipeaux des anciens, et répétaient des airs simples et mélancoliques qu’on pourrait regarder comme de poétiques traditions des vieux âges. À peu de distance des sources du Scamandre, on trouve un moulin avec une écluse et tout ce qu’il faut pour rassembler un volume d’eau qui puisse faire tourner un moulin. Le lit du fleuve est tranquille ; le murmure de l’onde qui roule sur le sable et les cailloux s’y fait à peine entendre. Le Scamandre qui tient tant de place dans l’Iliade, a tout au plus la largeur de la rivière des Gobelins. Un platane, un saule jeté d’une rive à l’autre, suffit pour y faire un pont. Vous savez que l’armée de Xercès ne put y trouver assez d’eau pour se désaltérer ; les canards, les poules d’eau, les plongeons, se jouent dans les roseaux du Scamandre ; l’anguille et le barbot habitent son courant limpide ; l’aspect de ses rives a quelque chose d’agreste et de riant.

En descendant du côté de la mer, nous sommes arrivés au village d’Erkessi-keui. Près de là est le fameux tosmos sur lequel les chefs troyens tenaient conseil après la première attaque du camp des Grecs. Le trosmos est un plateau élevé qui domine la plaine,