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parmi les infortunes du dernier roi d’Ilion, je crois qu’il faut compter celle de n’avoir point reçu les honneurs de la sépulture. Le tumulus qui porte le nom de tombeau de Paris et qui se trouve à une centaine de pas de celui de Priam, ne peut guère appartenir non plus au ravisseur d’Hélène ; car, si nous en croyons Quintus de Smyrne, Paris, après avoir été blessé mortellement, se retira sur le mont Ida et fut enseveli par des bergers dans le lieu même où il avait jugé les trois déesses. Ce troisième monticule est ombragé par un groupe de petits chênes, et nous avons vu les chèvres du capitan-pacha brouter l’herbe qui croît sur cette grande tombe inconnue. Je ne vous parlerai pas d’un quatrième tumulus dont quelques savants ont fait les honneurs à Assaracus, tant ils craignaient que les personnages cités dans Homère ou dans Virgile manquassent de sépulture.

Vous n’avez pas oublié la charmante description que fait Virgile dans le septième livre de l’Énéide, de la montagne qui formait le royaume rustique d’Évandre, et qui devint ensuite la ville éternelle. On aime ce contraste qui nous fait passer de la simplicité à la magnificence, de la vie pastorale à la vie tumultueuse des grandes cités. La colline où brilla la splendeur d’Ilion, nous offre un autre contraste qui produit sur notre esprit un effet bien différent ; c’est la capitale d’un empire qui s’est changée en une solitude triste et aride ; Lucain est fort exact