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mouvement a été de saisir cette tasse propice et de goûter l’eau du Scamandre. Cette source se trouve au bas de la colline de Bournarbachi. Du côté du midi, sont des rochers assez élevés, du pied desquels s’échappe une seconde source, aussi considérable, mais beaucoup moins visitée que la première. Au reste, de quelque côté qu’on s’avance dans ce vallon couvert de roseaux et de plantes marécageuses, on voit l’eau sortir de la terre, et couler à travers le gazon et l’herbe épaisse. Nous avons compté plus de douze sources qui se réunissent à quelques pas de là, et forment la civière si poétique du Scamandre.

Après nous être reposés un moment sous les saules, nous sommes revenus à Boumarbachi. Le chemin que nous avons suivi est creusé assez profondément dans le sol, d’où on peut conclure qu’il est fort ancien. Je ne serais pas étonné qu’il remontât aux temps homériques, et que ce fut là le chemin par lequel les dames troyennes venaient à la fontaine pour y laver leurs robes et leurs précieux vétemens portés sur des chars d’osier. Au milieu de ce chemin, à droite, en montant vers Bournarbachi, s’élève la mosquée du village. En face de la mosquée, on nous a montré une table de marbre blanc sur laquelle les Turcs déposent leurs morts avant de les ensevelir. Près de là, sur le penchant du coteau est le cimetière de Bournarbachi, dans lequel se trouvent quelques marbres qui paraissent