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connaissait pas le Scamandre, et que les Turcs du pays n’ont jamais entendu prononcer ce nom, nous nous sommes mis à parcourir la campagne pour chercher un fleuve maintenant oubliée, autrefois si connu des Dieux et des héros. Le hasard a fait, qu’au lieu de marcher directement vers la source, nous avons pris une route tout opposée. Après avoir traversé le cimetière de Bournarbachi, nous marchions dans la direction du cap Sigée, lorsque des champs couverts de fleurs bleuâtres nous ont montré de loin une surface azurée qui ressemblait à une nappe d’eau ; nous avons cru voir un lac ou un étang, qui paraissait nous indiquer le voisinage d’une source ou d’une rivière. Nous nous sommes précipités du côté de ce champ d’azur, mais nous n’avons pas tardé à reconnaitre notre erreur. Revenant sur nos pas jusqu’au village de Bournarbachi, nous avons pris le parti plus simple de suivre des paysans qui portaient des urnes sur leur dos, et qui allaient puiser de l’eau à une fontaine. Bientôt la première source du Scamandre s’est découverte à nos yeux.

Une onde limpide est renfermée dans un petit bassin entouré de pierres de taille et de colonnes de granit. De grands saules ombragent la fontaine, la terre voisine de la source est couverte d’arbustes verdoyans, tapissée de mauves et d’herbes odoriférantes. Une écorce de citrouille flottait sur l’eau comme une tasse offerte aux passans. Mon premier