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j’ai vu des centaines de boulets de marbres rangés par piles, provenant des débris d’Alexandrie. Vous savez qu’au siècle dernier, pendant la guerre des Russes, le fameux Hussan-Pacha ordonna qu’on fit des boulets avec les marbres de cette côte, et c’est ainsi que furent munis les forts de l’Hellespont. Nous devons dire toutefois qu’on n’a jamais pu faire un grand usage de ces boulets ; il paraît même qu’ils sont maintenant entièrement dédaignés, car on les a trouvé répandus dans les camps comme des pierres, et ces boulets qui furent d’abord destinés à détruire, sont employés aujourd’hui dans différentes constructions.

Vous ayez lu dans le Voyage pittoresque de M. de Choiseul et dans le Voyage de la Troade de M. Lechevalier, les principaux traits de l’histoire d’Alexandria Troas ; cette histoire est d’ailleurs liée à celle d’Ilium Recens dont nous irons bientôt visiter les reste. Le fils de Philippe, dont le cœur battait au seul souvenir des héros grecs et troyens, ne pouvant mêler son nom aux grands noms de l’Iliade, voulu au moins laisser des traces de son passage dans la Troade, et cet autre Ilion fût bâti. Alexandre, qui avait surtout voué un culte au grand Achille, le destructeur des cités, mettait sa gloire à bâtir des villes ; mais toutes ces villes qui devaient nous transmettre sa mémoire, que sont-elles devenues ? Il avait bien raison d’envier au fils de Pelée le bonheur d’avoir eu un Homère, car les chants consa-