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fois de cave, de maison et de boutique. Les Turcs de Baba paraissent plus sévères dans leurs mœurs que ceux de Smyrne. Ce n’est pas assez pour les femmes d’être voilées : on n’en rencontre peu dans les rues ; à l’approche d’un Franc, elles se cachent derrière des portes, elles tournent la face contre les murailles. Nulle part on n’observe plus sévèrement les lois et les pratiques de l’islamisme. Les habitans ne manquent jamais d’assister à la prière et comme ils viennent au café en sortant de la mosquée, nous avons pu voir dans leur maintien, et sur leur front un reste de leur recueillement et de leur dévotion. Quoique leur territoire ne produise guère que de la vigne, ils n’en repoussent pas avec moins de dédain la liqueur maudite par le Prophète. Ce matin, je voyais notre cafetier turc qui lançait sur nous des regards pleins de colère, et qui frottait une tasse avec de la cendre ; c’était une tasse dans laquelle l’un de nous avait bu du vin. Du reste, cette rigidité dans l’observance du Coran n’altère en rien les vertus hospitalières des habitans de Baba. Nous sommes reçus partout avec un accueil presque affectueux. Les notables du lieu sont venus plusieurs fois nous visiter dans notre café. Nous leur avons adressé des questions sur les ruines d’Assos que, npus aurions voulu voir ; mais le nom même d’Assos est inconnu aux plus savans du pays. Toutefois, comme ils croyaient que nous n’avions quitté, l’Europe que pour voir des édifices ruinés,