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Les ténèbres qui couvrent l’empire ottoman s’étendent aussi sur le mont Athos. En vérité, en vérité, je vous le dis, il ne nous vient plus de l’Orient d’autre lumière que celle du soleil.

La baie d’Érisso n’est éloignée du cap Baba que de quelques lieues, et nous étions en mer depuis trois jours sans pouvoir atteindre ce promontoire. La tramontane soufflait toujours, et redoublait quelquefois de violence. Une lame d’eau m’a renversé sur le pont, tandis que je tenais les regards attachés sur la côte où se portaient tous nos vœux. Imaginez-vous quel a dû être notre ennui pendant trois jours, lorsque chaque bordée semblait nous conduire à cette terre qui était devant nous, et chaque fois le navire dérivait loin du promontoire. Baba était là avec sa blanche forteresse, avec ses vignobles verdoyans ; et quand nous étions près de l’atteindre, quand nous touchions au terme de nos misères, le vent contraire emportait notre navire, et la côte d’Asie fuyait dans le lointain ; il fallait recommencer de nouvelles bordées. Tant de journées perdues, tant de courses inutiles, nous avaient jetés dans une espèce de désespoir ; enfin une bordée heureuse nous a conduits dans la rade de Baba. L’Erminio vient de jeter l’ancre, et nous allons bientôt descendre à terre.