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Les vents continuaient à nous être contraires ; comme nous étions pressés de poursuivre notre route, j’ai prié le capitaine de l’Erminio de nous débarquer au cap Baba. Une fois débarqués sur la côte d’Asie, nous pourrons nous rendre par terre aux Dardanelles, et de là à Constantinople.

Le 20 juillet, un léger vent de terre nous a aidés à sortir de la baie et nous avons longé la côte sud-ouest de l’île ; nous ayons doublé le cap Sidéro, mais bientôt la tramontane s’est réveillée avec toutes ses fureurs, et nous avons été condamnés à louvoyer. Pour monter au-delà du cap Sigri, il nous a fallu pousser nos bordées auprès d’un amas de petites îles, connues sous le nom d’Îles du Diable, dont les principales sont Prasoneri, Séraquino, Kilidromi. Nous avons tournoyé plusieurs fois dans le voisinage d’Agio-Strati, dont la côte rocheuse présente de loin les figures les plus bizarres. Deux fois nous nous sommes trouvés en présence de Lemnos ; cette île, qui n’a pour elle que son port, est aujourd’hui aussi triste et presque aussi déserte qu’au temps de Philoctète. Nous pouvons dire encore avec l’auteur du Télémaque, que dans cette île il n’y a ni commerce ni hospitalité, ni homme qui y aborde volontairement ; on n’y voit que les malheureux que les tempête y ont jetés, et on n’y peut espérer de société que par des naufrages. Nous avions sur notre navire un jeune matelot, né à Lemnos, mais il n’avait nulle envie d’y