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Dans la journée du 8 juillet, à midi, l’Erminio s’avançait entre l’Ile de Méthelin ou l’ancienne Lesbos, et le golfe de Sanderlik redouté des navigateurs. Après avoir dépassé les montagnes qui enferment le port Olivier, nous avons été surpris par le calme : pas un souffle de vent, le bâtiment était immobile ; on eût dit que nous avions jeté l’ncre. Nous sommes restés ainsi pendant deux jours entiers ; nos marins s’affligeaient de ce contre-temps, et nous étions nous-mêmes fort contrariés d’être arrêtés dans notre route. Toutefois, rien n’était plus propre à consoler nos ennuis, que le beau spetacle que nous avions alors sous les yeux. Comme l’Erminio se trouvait arrêté au milieu du canal, nous voyions d’un côté la rive septentrionale de Méthelin, de l’autre, les chaînes de l’Ida qui s’étendent sur les rivages de l’Asie. Je n’ai point encore trouvé en Orient d’aspect plus pittoresque, plus enchanteur que la côte de Méthelin qui s’offrait à notre vue. Des bois de pins et de chênes couronnent la cime des montagnes ; au penchant des coteaux, jusqu’à la mer, on ne voit que des forêts d’oliviers, des terres couvertes de moissons, des vignes au pampre vert, des jardins plantés d’orangers et de myrthes. Des villages bien bâtis, des maisons élégantes et peintes en rouge, se montrent çà et là à travers les arbres touffus. La verdure de ces riantes campagnes a résisté aux feux de l’été, et les vents du nord qui soufflent pendant la saison