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nera peut-être, c’est qu’on nous a pris pour des pestiférés ; les lettres, que nous avons données à nos pilotes pour le consul de France ont été remises dans une boite de fer-blanc, placée au bout d’un grand bâton, les pièces de monnaie que nous avons jetées dans leur barque ont été passées scrupuleusement à l’eau de mer ; toutefois, il était bien certain que nous venions de Toulon, où, grâce à Dieu, la peste n’exerce pas ses ravages. Ne craindrait-on pas à Messine une autre contagion et la crainte de la peste ne servirait-elle pas de prétexte pour éviter d’autres fléaux ? la politique, en un mot n’aurait-elle pas pris ici pour auxiliaire ce qu’on appelle la santé publique, et ne lui aurait-elle pas emprunté ses lazarets et ses réglements préservatifs ?

Quand nous avons passé devant Messine, le soleil était au milieu de son cours : la chaleur était si grande, qu’on ne voyait personne sur le magnifique quai qui borde la rade ; on n’apercevait aucun mouvement ni dans le port, ni sur la rive ; on n’entendait que le bruit des cloches qui sonnaient l’angelus de midi. Toutefois, nous avons été frappés de l’aspect déjà vide. Les maisons les plus voisines de la mer paraissent fort bien bâties ; elle ont sur le devant de larges arcades. Nous avons distingué dans l’intérieur de la ville un grand nombre d’églises et de monastères, plusieurs palais. Trois châteaux dominent le coteau sur lequel Messine est bâtie. Au-dessus de ces châteaux