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pauvres ; il leur a prouvé à force de bons procédés qu’ils pouvaient trouver quelques avantages dans la présence, d’un homme étranger à leurs mœurs, à leur religion, à leur famille nationale. Depuis deux ans, M. Blaque est là, honoré, tranquille, respecté de tous ; il s’est convaincu qu’on peut presque toujours triompher à la longue des préjugés et vaincre d’injustes préventions.

Nous avions vu à Bournabat une noce turque. Pendant que j’étais à Koukoudjia, on y célébrait aussi une noce ; et cette cérémonie solennelle a pu nous faire connaître les mœurs et l’esprit des habitans. Le mariage a été célébré d’abord à l’église : tout le village y était invité ; il est d’usage qu’on fasse un présent aux nouveaux mariés. Un immense plat de cuivre est placé à côté d’eux, pour que ceux qui viennent les complimenter puissent y déposer leurs offrandes. Ces offrandes consistent en ustensiles de cuivre, en instrumens de ménage, en choses utiles, jamais en futilités. À côte de l’objet donné en présent, il est de règle qu’on dépose quelques graines de coton. À Athènes, on plaçait une bandelette de laine à la porte de la maison nuptiale. C’est la même intention, celle d’apprendre à la jeune fille qui prend un époux, que le travail est une nécessité de sa condition nouvelle. Nulle, part la joie n’est plus bruyante pour un mariage ; nulle part de plus longs et de plus copieux festins.

Après avoir vu les joies des Grecs de Koukoudjia,