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on a lait en outre une petite brèche au dessous de la statue, comme si on eut voulu l’enlever. La nymphe Smyrna s’est trouvée ainsi entre deux barbaries : celle des Turcs, qui ne peuvent souffrir une représentation de l’homme sur le marbre ou la pierre, et celle de quelques amateurs qui auront voulu posséder la nymphe dans leur cabinet.

Avant de descendre dans la ville, nous avons voulu visiter les cimetières plantés de cyprès qui couronnent la cité, et qui avaient d’abord frappé nos regards à notre arrivée dans la rade. Un silence religieux, une solitude qui a quelque chose de solennel et de triste, vous fait juger au premier abord que vous êtes dans un lieu consacré aux souvenirs funèbres. Nous avons reconnu que chez les Turcs la demeure des morts est plus ornée et plus solidement bâtie que celle des vivans ; les cimetières présentent souvent d’élégans mausolées revêtus de belles colonnes, il est peu de tombeaux qui ne soient ornés de marbre avec des inscriptions, quelquefois tracées en lettres d’or, souvent ce sont des marbres arrachés à des ruines d’anciens édifices, des colonnes enlevées à des monumens antiques qui viennent décorer lés cercueils, on reprendra quelque jour aux cercueils leurs ornemens pour en construire des édifices nouveaux ; ainsi va le monde ; on batit des sépulcres avec les pierres des palais, et des palais avec le marbre des