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À bord du Loiret, le 30 mai 1830.

DE LA SICILE ET DE LA CALABRE, MESSINE.

À peine avions-nous dépassé l’archipel de Lipari, que nous avons vu paraître les côtes de la Sicile et de la Calabre.

Cette première vue de la Sicile, avec ses frais bosquets et ses sites rians, nous rappelait les gracieuses peintures de Théocrite ; on y reconnaît d’abord les coteaux que fréquentait Daphnis, où paissaient les troupeaux de Ménalque, où les bergers se disputaient le prix du chant. La Calabre présente y une physionomie plus sévère ; et répond très-bien à ce que nous dit Horace de la rudesse de ses habitans. Nous avions à notre gauche le golfe de Sainte-Euphémie ; on remarque sur la rive plusieurs bourgs ou villages, presque tous bâtis au pied de hautes montagnes ; nos marins nous ont fait distinguer le petit bourg de Petzio, où Joachim Murat débarqua en 1875 : il ne trouva qu’une mort tragique, là où il cherchait une couronne perdue, l’insensé, qui