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que Mahomet II appelait la ville des philosophes. Il habitait, comme je vous l’ai déjà dit dans une de mes lettres, le couvent des Missions ou des Capucins ; il travaillait peu, et se livrait à toutes sortes d’excès. Le noble lord était tantôt de l’école de Platon, tantôt de l’école d’Épicure, et même de celle de Cratès. Des têtes de morts, toujours placées devant lui, ne l’avaient point guéri des petites vanités de ce monde ; il avait une grande prétention à la beauté, et comme il craignait de prendre trop d’embonpoint, il s’était mis à ne manger que de l’herbe et à ne boire, que de l’eau et du vinaigre ; ce régime l’affaiblit au point de ne plus pouvoir monter à cheval. Lord Byron ne pouvait pardonner à lord Elgin d’avoir spolié ou dégradé les monumens d’Athènes. Il avait fait, à ce sujet, une épigramme en vers latins qu’il remit à M. Fauvel. J’aurais bien voulu prendre copie d’une pièce aussi curieuse ; mais, M. Fauvel l’avait communiquée à quelqu’un qui l’a gardée : il n’a pu m’en donner que le sens. L’épigramme contenait deux distiques : Pendant que sa seigneurie enlevait les statues des dieux, on lui enleva sa femme. C’est Vénus qui a voulu venger ainsi l’outrage fait à Minerve. Les mots Scote miser, qui commencent l’épigramme, montrent combien il se mêlait d’âcreté et de fiel aux inspirations d’un si beau génie.

J’ai rencontré en Orient beaucoup d’autres personnes qui ont connu aussi lord Byron et qui