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sil avec la baïonnette, et qu’enfin nous sommes tous d’habiles tacticos.

J’ai fait plusieurs, autres visites chez les Turcs ; mais je ne vous en parlerai plus ; car les Turcs se ressemblent tous. Je voulais surtout connaître l’opinion des osmanlis sur les réformes du sultan Mahmoud ; quand je les interrogeais sur ce point, ils ne me répondaient pas plus que si je leur avais demandé des nouvelles de leurs filles et de leurs femmes. La politique est pour les Turcs comme les secrets du harem. On ne peut d’ailleurs les faire parler longuement sur quelque sujet que ce soit. Un osmanli ne répond guères que par monosyllabes. En voici, je crois, la raison : c’est qu’un Turc ne se soucie point d’être admiré pour ce qu’il dit : le plus vain des ulémas ne donnerait pas un poil de sa barbe pour être cité comme un homme d’esprit ; il n’a pas la moindre envie d’étaler son savoir ; de plus il n’est pas curieux, et fait peu de questions. La seule vanité que j’aie remarquée chez les Turcs, c’est de passer pour des hommes prudens ; raison de plus pour parler peu. Ils ne prennent pas même la peine d’adresser la parole à leurs esclaves, et ne leur donnent des ordres qu’en frappant des mains. Un Turc appartenant à la haute classe, est plus pu moins considéré, selon qu’il se refuse l’usage, de ses jambes, de ses bras, de sa voix et même de son esprit. Aussi, voit-on toujours dans la maison d’un homme riche une grande quantité de serviteurs. Lorsque vous arrivez, il faut tra-