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gné le consul de France qui allait complimenter le nouveau venu ; le mutzelin qui va gouverner Smyrne est un homme de soixante ans dont on vante beaucoup la prudence consommée ; pour obtenir le poste qu’il occupe, on dit qu’il a employé l’intermédiaire de la Russie et qu’il n’a pas nui à la déconsidération de son prédécesseur ; il a surtout promis de donner beaucoup d’argent à ses protecteurs et par conséquent d’en demander beaucoup aux habitans de Smyrne. Il faut avouer que pour les intrigues de cour on est aussi avancé dans le pays des Barbares que dans nos pays les plus civilisés. Un proverbe turc dit bien, il est vrai, que le flambeau de l’intrigue ne luit que jusqu’au lever du jour, mais on s’arrange pour que le jour ne se lève pas ou pour qu’il se lève le plus tard possible.

Toutes ces intrigues du sérail ont ce résultat malheureux qu’elles amènent de continuels changemens dans le gouvernement des provinces et des cités ; tous ces mutzelins, tous ces pachas qui se succèdent dans un pays et qui n’y viennent que pour faire fortune, ne peuvent que l’appauvrir et l’épuiser. Aussi le peuple ne se réjouit-il point à l’arrivée des nouveaux maitres qu’on lui donne, il prend patience avec les anciens, et, dans sa résignation, il dirait volontiers à ceux qui parlent de les changer comme le hérisson de la fable à ceux qui lui proposaient de chasser les mouches dont il était dévoré : Laissez-les, car si vous les