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bre du sultan, comme le sultan se dit l’ombre de Dieu. Les ayans, chargés par la loi de veiller à l’intérêt des peuples, deviennent quelquefois les auxiliaires ou les instrumens d’un pacha dans la guerre qu’il fait aux personnes et aux propriétés. D’après ce qui m’a été dit, toute la gloire de l’honorable osmanli que nous avons visité, consisterait à être resté neutre entre le peuple et le fisc. Je lui ai fait plusieurs questions sur l’histoire de Smyrne ; e lui ai demandé quelles étaient les traditions conservées parmi les Turcs. Nous n’avons presque point de traditions, m’a-t-il répondu, parce qu’il arrive rarement qu’une famille aille plus loin que la troisième génération. La peste peut seule expliquer un pareil phénomène ; l’ayan, du reste, ne m’a rien appris sur Smyrne, cette ville si connue des voyageurs, et si peu connue de ceux qui l’habitent. Comme on parlait beaucoup de la prise d’Alger, notre conversation est tombée sur ce sujet ; les Turcs ne sont jamais pressés de croire ce qui leur déplaît ; l’ayan disait qu’il fallait attendre ; alors il nous est arrivé un de ses voisins qui est à Smyrne l’homme d’affaires du dey d’Alger ; celui-ci nous a dit que les Français avaient été repousses dans une première attaque ; il nous a débité cette nouvelle d’un ton solennel, puis il a repris sa pipe d’où s’est échappé un nuage de fumée qui nous a dérobé sa figure. Cette assurance me donnait quelque crainte ; avant de quitter la France, j’avais vu bien