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res indues dans des lieux suspects ! Elle est chargée aussi d’arrêter tous ceux qu’elle surprend la nuit, marchant sans lanterne ; elle n’épargne pas surtout les rayats qui portent dans leurs vétemens des couleurs réservées aux osmanlis. Enfin rien n’échappe à cette police vigilante ; elle mériterait d’être citée pour modèle, si le chef qui la dirige ne fermait pas les yeux sur certains désordres. Il y a des abus qu’il respecte, volontiers et pour cela, il suffit qu’il y trouve un certain avantage. Il faut remarquer que chez les Turcs les emplois sont mal payés. Si les abus ne venaient à leur secours, il n’est point de chef de police, point de chef de justice, point de chef d’administration qui ne mourut de faim ; par une réciprocité naturelle, les abus les font vivre, et ils laissent vivre les abus ; aussi n’est-il point de pays ou les abus soient plus fortement enracinés qu’en Turquie.

Pour juger l’importance de cette police militaire dont je viens de parler, il faudrait la voir agir dans des temps de trouble et de sédition. Si un grand désordre s’élevait dans la cité, si les paysans des environs descendaient de leurs montagnes, et que le fanatisme les poussât au meurtre des chrétiens, à quelque révolte contre un pacha, je ne doute pas, que la plupart de ces sentinelles des lois, et de ces gardiens de l’ordre public, ne s’associassent aux fureurs de la multitude,et ne coupassent eux-mêmes les tètes qu’ils sont chargés dé défendre.