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tiques des Musulmans se sont beaucoup calmées ; mais une antipathie très-marquée subsiste encore entre les Grecs et les Turcs ; tout ce qui se fait dans les îles, et même en Morée, retentit dans la ville de Smyrne, qu’on pourrait appeler l’oreille ou l’écho de la Méditerranée et de d’Archipel. L’arrivée en cette ville d’un grand nombre de familles musulmanes chassées parles chrétiens, les relations continuelles des pays devenus libres avec les habitans de Smyrne, tiennent toujours en haleine les passions qui peuvent amener la persécution et le désordre. Les défiances réciproques accréditent chaque jour les rumeurs les plus sinistres ; du côté des osmanlis, on imagine sans cesse des complots dont on accuse les Grecs ; de leur côté, les Grecs parlent entr’eux d’exécutions nocturnes, et de cadavres trouvés chaque matin sur le rivage de la mer. Ce qui a beaucoup contribué à l’exaspération de ces derniers, c’est qu’un homme de leur nation, condamné pour crime de vol, a été exécuté à la porte d’une des églises grecques ; on avait choisi un jour de fête et le moment d’une cérémonie solennelle ; on croit que le consul russe a fait à ce sujet des plaintes au divan et que le divan, qui n’a plus rien à refuser à la Russie, a remplacé pour cela le pacha de Smyrne, qui vient d’être envoyé à Chio.

Je n’ai point encore assez étudie cette population composée de tant d’élémens divers, et qu’animent des passions si opposées ; mais, au premier aspect,