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ver dernier à Smyrne ; on y joue même la comédie. Il y à quelques mois qu’une représentation de la pièce intitulée l’Ours et le Pacha a fort diverti les habitans de la rue Franque. Toutes les opinions et même les travers qui agitent ou préoccupent notre Occident, ont passé les mers, et se retrouvent sur les bords du Mélès. Je reconnais ici des gens de tous les partis ; je revois en petit tout ce que j’avais vu en France. Nous avons devant notre porte un café qui a pour enseigne, à la Civilisation ; on m’a conduit dans un cazzino ou cabinet littéraire où sont reçues les principales feuilles dé l’Europe ; là des marchands, des voyageurs, des curieux, dés oisifs, s’occupent aussi de gouverner le monde, et de juger les rois et les peuples. Tout cela se fait sans que les Turcs y prennent garde ; peu leur importe qu’on soit libéral ou royaliste, absolutiste ou constitutionnel, qu’on défende l’ancien où le nouveau régime, la monarchie ou la république ; les opinions même les plus dangereuses ne leur portent pas le moindre ombrage ; il en est de certaines doctrines politiques comme de la ciguë qui n’empoisonne pas dans tous les pays.

Parmi les curiosités de cette ville musulmane, un voyageur européen ne peut oublier le journal intitulé : le Courrier de Smyrne. La nouvelle Lutèce, le Paris de l’Orient, devait jouir aussi des bienfaits de la presse périodique, et ce qu’il faut ajouter, c’est que le journal de Smyrne est au moins aussi