Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/219

Cette page n’a pas encore été corrigée

parle des curiosités de Bagdad, d’Ispahan, de Trébisonde qu’il vient de visiter ; un autre demande des chevaux et des guides pour traverser le mont Taurus, pour se rendre sur les bords de la mer Noire, sur les rives de l’Euphrate et du Tigre.

Parmi tous ces voyageurs, on rencontre quelques savans modestes et laborieux, dont la conversation est instructive ; ils ont étudié l’histoire et les mœurs des peuples, les formes du globe, les productions de chaque climat ; les plus curieux à entendre sont quelquefois ceux qui vont à la recherche des ruines de l’antiquité. Il faut voir l’amour-propre que certains amateurs mettent à leurs découvertes. Dans cette science, comme dans toutes les autres, on court après ce qui est nouveau. Je connais des Anglais qui donneraient cinq cents livres sterling à celui qui leur enseignerait une ruine dont personne n’a parlé. Quel triomphe que celui de déterrer une colonne ignorée, de mettre en lumière une inscription inédite ! Mais découvrir une ville entière sur laquelle mille voyageurs ont passé sans la voir, voilà le chef-d’œuvre, voilà la gloire ! Ce bonheur est arrivé l’année dernière à un voyageur anglais ; il a découvert dans l’Asie-Mineure l’ancienne ville d’Azania. Les restes de cette ville étaient si bien ensevelis sous l’herbe qu’on ne les avait point aperçus. Que de trésors enfouis dans la poussière du désert ! quelle satisfaction d’annoncer à l’Europe savante qu’on les a retrouvés ! L’heureux voyageur, après